Farenheit se sentait étrangement apaisé. Il ouvrit lentement les yeux. Tout était noir. Comme la dernière fois. Encore et encore, il persistait à inspecter les ténèbres dans lesquelles il était plongé. Depuis, combien ? Cent ans ? Deux-cents ans ? Plus ? Moins ? Quelle importance, puisqu'il ne s'en sortirait jamais. Jamais... Jamais... Le chat sourit. Le chat ? Il s'en souvenait, maintenant. Il fit doucement jouer ses griffes.
Soudainement, il perçut un déferlement d'énergie. Il avait l'impression qu'on lui congelait l'intérieur, qu'on le perçait de milliard d'aiguilles. Il poussa un feulement terrifiant.
*Dans les ténèbres entre les époques, personne ne m'entendra hurler...*
Puis la douleur s'estompa comme elle était apparue. Il passa sa langue sur ses babines sèches. Une lueur ? Scintillement sans éclat, grandissant. Farenheit s'en approchait doucement. Farenheit. Ce mot résumait à lui seul l'ensemble de ses souvenirs. La lumière s'approchait, emplissait l'espace. Il eu soudain l'impression d'être aspiré par un monstre affamé, sa gueule immense l'attirant de manière hypnotique. L'ancien dominant ferma les yeux, et se prépara à l'instant où il serait dévoré par cette créature monstrueuse, dans un immonde bruit de succion...
Rien ne se passa. ~ Une forêt indéterminée, durant la journée ~La lumière tombe doucement sur moi ; je sens sa chaleur dégouliner sur moi. L'herbe ondule contre mon ventre, le vent ébouriffe mon pelage. J'ouvre les yeux. Ah ! C'est douloureux... Trop de clarté... Des années de ténèbres... Quand ? Où ? Certainement dans la forêt d'Astrea. Pas de danger par ici... Sauf si les choses on tant changé. L'époque, en revanche ; impossible à déterminer. Si : je suis dans le futur. Impossible de revenir en arrière. Quoique ? J'entends... Je sens... Je vie. Je crois reconnaître la présence de chats alentours. Le futur... Peut-être mon clan à enfin pris le contrôle total de l'île ? Il était presque acquis, à mon départ. Les Last Scream étaient réduit à un tout petit territoire, constitué des plaines ambrées et de quelques hauts plateaux.
Quelques petites choses à apprendre. Mais d'abord, j'ai intérêt à bouger. Me dérouiller. Ça craque... J'ai... Mal ? Je soulève à nouveau mes paupières, pour remarquer que je suis étendu non loin d'une clairière. Je me lève et titube doucement avant de reprendre mes pleins esprits. Je me plante fermement sur mes muscles. J'observe les environs. Deux jeunes félines s'amusent, de nombreux chats discutent autour d'un chêne.
*Plus grand que tout les arbres de la forêt, il surplombe la canopée de sa majestueuse splendeur depuis des siècles et des siècles. Demeure éternelle du clan Silver Hurricane... Le Chêne Millénaire. L'âme de la forêt, enchanté par Astrea elle même !*
Les souvenirs me reviennent par vague brûlantes. Il m'en manque encore un grand nombre, mais... D'énormes zones d'ombres subsitent, mais rien de bien grave. Je vais faire avec. On va dire que je m'appelle Farenheit, juste Farenheit. Quelle que soit mon époque, mieux vaut ne pas porter un nom à consonance trop noble. Qu'il y ait eu une révolution, quoi que ce soit, voir même une prise de pouvoir par les loup ou la déchéance de ma lignée, ça ne serait pas bon pour moi - et je pourrai toujours me révéler si c'est nécessaire.
"Excusez moi, vous pourriez aider mon amie ? Elle n'arrive pas à descendre du chêne ?"Je n'avais pas vu cette jeune chatte approcher. Je me trouve assez près de l'arbre, maintenant, après avoir marché - perdu dans mes pensée. C'est elle qui jouait tout à l'heure... Celle qui est coincée doit être son amie. Je n'ai pas envie de faire ça. C'est pas vraiment mon problème, si ? J'ai renoncé au pouvoir. J'ai renoncé à tout. Ha ! Mais de toutes, façon, je ne suis rien...
"J'arrive."Elle m'indique de la patte la branche où se trouve la féline. Ca va être l'occasion de voir si je suis pas rouillé...
"Quelle idiote je fais, ahah..."Elle a l'air gênée.
Je prends un peu d'élan. Le tronc prend vie sous mes pattes. Je saute. Je m'accroche. Je ne me laisse pas tomber. Encore... Un peu... J'y suis. En à peine trois secondes. Je souris... Je suis peut-être pas si ramolli, après tout.
"Bonjour. Tu peux m'appeler Farenheit. Pas de gestes brusques."Je la saisie par la peau du cou, pour éviter toute douleur, et je descend comme je suis monté avant de la poser à terre. J'ai l'impression d'avoir trois ans ; c'était la pleine période de mes entrainements avec Oeil-Sombre. Je regarde la féline droit dans les yeux.
"Ca va ? Pas trop secouée ?"